André BRETON - Carte en pleine guerre
BRETON André (1896-1966)
Lettre autographe signée «André Breton», Poitiers [1940], à Pierre MABILLE ; 1 page et demie oblong in-12 à l'encre verte (carte postale), adresse (cachets postaux militaires).Contexte : Mobilisé dès septembre 1939, Breton est affecté en janvier 1940 à l’école prémilitaire aérienne de Poitiers comme médecin. Le 17 juin, jour de l’annonce de l’armistice, il est en « zone non-occupée » et trouve refuge chez Pierre Mabille, le médecin qui a accouché sa femme Jacqueline. A Poitiers, Breton vit des heures mornes. Les permissions sont suspendues, il ne peut aller à Paris et demande des nouvelles."J'espérais vivement vous voir cette semaine mais les permissions sont suspendues. N'oubliez pas de me tenir au courant de ce qui vous concerne. Quelles nouvelles, par ailleurs, du Miroir ?J'ai trouvé ici d'occasion un curieux livre : Les chefs d'œuvre de la littérature occulte. Dans la même collection auraient paru "Les chef d'œuvre de la littérature fantastique" et "Les chefs d'œuvre de la littérature mystérieuse". Combien alléchant ! Malheureusement ces ouvrages paraissent composés dans un terrible esprit de vulgarisation. Avez-vous adressé un petit texte à Ubac pour l'Invention collective."La revue L'Invention collective est fondée par Raoul Ubac et René Magritte. Y participent notamment, avec André Breton, Achille Chavée, Fernand Dumont, Marcel Lefrancq, Irène Hamoir, Marcel Lecomte, Marcel Mariën et Louis Scutenaire.Breton réclame ensuite des textes pour une revue en projet :"Si comme je l'espère bien vous êtes toujours à Paris, priez nos amis les plus qualifiés de fournir aussi largement que possible de communications brèves et de notes, critiques ou polémiques, lapidaires. Je pense à Diamant-Bergern (pourvu qu'il se modère), à Malet (même restriction) tout particulièrement. Il faut tenter d'apporter là-bas l'essentiel de ce qui manque : une certaine nocivité sur le plan érotique et sur celui de l'humour me paraissent des plus recommandables."Breton cite ici Jean-Claude Diamant-Berger, fils du cinéaste, arrêté le 25 mai 1940 pour avoir distribué des tracts pacifistes. Deux semaines, il s'évade de la prison de la Santé. En juillet 1942 il arrive à Londres où il est envoyé à l’École des Cadets de la France Libre, puis il devient aspirant parachutiste. En juillet 1944, c’est en mission sur les bords de l’Orne qu’il est tué.Quant à Léo Malet, il est arrêté le 25 mai 1940 (même jour que Diamant-Berger), et accusé de faire partie d'un « complot surréalo-trotskyste », « d'atteinte à la sûreté de l'État et reconstitution de ligue dissoute. Il est emprisonné à la prison de Rennes."J'espère que vous m'écrirez encore quelquefois. Je m'ennuie de vous plus que je ne sais laisser paraître à nos braves et rares rencontres et vous savez que vos commentaires m'éclairent tout un côté de la vie [...]"Envoi soignéRetour accepté
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