Eugène-François VIDOCQ - Au cœur de l'enquête

Eugène-François Vidocq (1775–1857) 
 
- Lettre passionnante -
 
Lettre manuscrite signée, le 2 avril 1835. 2 pages in-4 avec adresse au dos. Adressée à Monsieur Toussaint, rue du Gros Chenet n°2. Très bon état, seulement une déchirure due au décachetage et pliures peu conséquentes. 
 
Ancien bagnard devenu chef de la Sûreté sous Napoléon, Vidocq mit son expérience du milieu criminel au service de la justice. Dans cette lettre, il décrit avec précision les moyens nécessaires pour observer des suspects, le choix stratégique des lieux, et la gestion de ses agents - autant d’éléments qui annoncent les méthodes d’enquête policière contemporaines. Ce document témoigne de son sens pratique, de son souci du détail et de sa volonté de professionnaliser la police. 
 
"Monsieur,
J'ai fait examiner les localités à Vincennes, afin qu'on puisse surveiller fructueusement le domicile de Gonel. et voici le rapport qui m'a été fait du résultat de cet examen :
  En face de la maison du Sr Bunel, par la rue du Levant, la surveillance est très praticable, en raison de ce qu'il y a un café et une maison garnie d'où l'on peut voir sans être aperçu, mais il n'en est pas de même du côté de la rue du Bois, où il faut stationner au dehors, aucun lieu public n'étant assez voisin de cette maison, où un passage qui va d'une rue à l'autre laisse à l'individu surveillé la facilité de sortir par le côté qui lui plaît. Il est donc important que les issues soient soigneusement gardées et pour cela il ne me faut pas moins de quatre agents.
À Paris, si l'on veut faire suivre Menau, ce qui me paraît urgent dans ce moment où, d'après les perquisitions qui ont été faites, il ne peut manquer de faire des démarches qui devront conduire à la découverte qu'on désire, il faut au moins trois hommes, deux sur l'individu et un près du domicile. Ces surveillances vont devenir dispendieuses, exercées par sept hommes à qui on ne peut donner moins de 6 francs par jour chacun sans les frais de voiture, s'il était nécessaire d'en employer, ce qui ne le serait que dans le cas où les personnes surveillées en prendraient elles-mêmes. Je pense néanmoins que trois ou quatre jours suffiraient pour être à même de juger. 
 
S'il y a espoir de découvrir quelque chose ainsi je continuerai si vous m'y autorisez et vous rendrai compte chaque jour du résultat de ces surveillances. J'ai toujours pris sur moi. En attendant vos ordres, laissez à Vincennes deux agents qui vont y passer une partie de la nuit.
  Veuillez ne mettre aucun retard dans votre réponse, et recevoir l'assurance du profond respect avec lequel je suis, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur."
 
Concernant le destinataire, on trouve dans l'almanach de commerce de Parisde l'époque ceci : "Toussaint père et fils jeune, batiste, maison à Paris, rue Gros-Chenet, 2" 
 
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