Victor HUGO - Condoléances au comte de Bresson

HUGO Victor (1802-1885)
 
Lettre autographe signée «Victor Hugo», 13 mars [1841], au comte Bresson «Pair de France, Ambassadeur du roi à Madrid» ; 1 page et demie in-8, avec enveloppe. Excellent état. 
 
«Monsieur le comte et cher collègue, j'apprends la malheureuse et irréparable perte que vous venez de faire. Je ne vous apporte pas de consolations, hélas ! Où y a-t-il des consolations sur cette terre ? Mais je vous envoie ce qu'il y a de plus doux, de meilleur et de plus affligé dans le cœur d'un ami. Au moment de la douleur, permettez-moi de prendre ce titre. Vous savez comme je suis vraiment à vous». 
 
Il le prie de faire part de sa vive et profonde sympathie à son «honorable père» et à son «digne frère», ainsi qu'à lui-même, «avec la nouvelle assurance de ma plus haute considération»
 
Notes : Après avoir été ambassadeur à Madrid, et joué un rôle capital dans la difficile négociation des mariages espagnols (10 octobre 1846), c'est-à-dire le mariage de la reine d'Espagne, Isabelle II, avec son cousin le duc de Cadix, et, parallèlement, le mariage du duc de Montpensier avec une sœur d'Isabelle II, Charles-Joseph Bresson est nommé ambassadeur à Naples. Mais il vient tout juste de prendre son poste qu'il se suicide en se tranchant la gorge avec un rasoir. Ce qui inspirera à Victor Hugo ces réflexions dans les Choses Vues : "'C'est pour nous tous une stupeur. Au simple point de vue humain, le comte Bresson avait tout ; il était pair de France, ambassadeur, grand'croix. Son fils, dernièrement, venait d'être fait duc en Espagne. Comme ambassadeur, il avait deux cent mille francs de traitement. C'était un homme grave, bon, doux, intelligent, sensé, très raisonnable en tout, de haute taille avec de larges épaules, une bonne face carrée, et à cinquante-cinq ans l'air d'en avoir quarante ; il avait la fortune, la grandeur, la dignité, l'intelligence, la santé, le bonheur dans la vie et aux affaires. Il se tua. [...]" 
 
Provenance : Collection Aristophil
 
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